Légendes du Cotentin : Gratot et l'ermitage Saint-Gerbold
Le Château de Gratot et la fée d'Argouges
Gratot appartint pendant cinq siècles à la famille d'Argouges. Implanté au milieu des douves que l'on franchit par un pont à trois arches et la double poterne des communs, le château est composé de deux tours dont la tour de la fée, d'une maison seigneuriale du 15è siècle et d'un pavillon du 18è. Longtemps abandonné, le château est restauré depuis 1968 par une équipe de bénévoles.
La tour ronde a été construite début 15è et présente un aspect médiéval. Surnommée la Tour à la Fée : "Il était une fois un seigneur d'Argouges qui rencontra à la fontaine une très belle jeune femme. Il en devint éperdument amoureux et lui demanda sa main. La belle lui dit qu'elle était une fée et qu'elle acceptait de devenir son épouse à condition qu'il ne prononçât jamais le mot 'mort'. Le seigneur le promit. Un jour, lors d'une fête au château, excédé d'attendre sa dame qui s'apprêtait, il lui lança 'Dame! êtes bien longue dans vos besognes! Seriez-vous bonne à aller quérir la mort?' La fée poussa alors un cri déchirant, monta sur le rebord de la fenêtre et disparut..."
La tour octogonale de la fin 15è., contre laquelle s'appuit un puissant contrefort, est décorée à son sommet de balustrades et gargouilles.
A droite, le pavillon seigneurial du 17è siècle comportait à l'origine 3 étages et une quinzaine de pièces; il est recouvert d'un toit à la Mansart.
Les communs, construits fin 16è, encadrent la poterne d'entrée
Les fenêtres des communs sont surmontées de "boules de noblesse", montrant ainsi que les propriétaires étaient exemptés d'impôts.
Au nord du château, un pont avec escalier à double montée menait vers les jardins aménagés à la française.
L'Ermitage Saint-Gerbold
A 2km du château de Gratot, construite par la famille d'Argouges au début du 15è siècle, la chapelle fut convertie en ermitage vers 1620. Sept ermites l'occupèrent jusqu'à la Révolution.
Dédiée à saint Gerbold, évêque de Bayeux au 7è siècle, que l'on invoquait pour soigner le dysenterie.
"Saint Gerbold naît probablement dans le Calvados, puis vit en Angleterre comme intendant d'un riche seigneur. L'épouse de celui-ci lui fait des avances et, furieuse de son indifférence, l'accuse d'avoir abusé d'elle. Gerbold est jeté à la mer attaché à une meule. La pierre devient par miracle une embarcation qui lui permet de rejoindre le rivage de Ver-sur-Mer près de Bayeux. Il décide alors d'y vivre en ermite jusqu'au jour où la population, connaissant ses miracles, lui demande de succéder à l'évêque récemment décédé. L'austérité et la rigueur de son épiscopat lui valent l'inimitié des Bayeusains qui le chassent. Furieux, l'évêque jette son anneau épiscopal à la rivière, jurant qu'il ne reviendra qu'à la condition qu'on lui rapporte l'objet perdu. Bientôt, un châtiment accable la population qui s'est détournée de la religion : le pays est frappé d'une épidémie de dysenterie. Seul, celui qui a quitté son siège d'évêque peut les guérir. Or, un pêcheur découvre l'anneau de saint Gerbold dans le ventre d'un poisson. L'ermite tient parole et revient au siège épiscopal : l'épidémie cesse."
Saint Gerbold meurt en 695. Des reliques de son corps sont conservées à Bayeux et au Petit-Celland. Philippe d'Argouges lui a dédié la chapelle parce que la famille d'Argouges est originaire de Bayeux.